L’Algérie accusée d’exportations vers Israël : une rumeur infondée selon les données maritimes
Port de Béjaia
Dans un contexte géopolitique marqué par des tensions régionales, une rumeur a récemment émergé, prétendant que l’Algérie aurait exporté des marchandises vers Israël par l’intermédiaire du navire "Captain Christos". Cette allégation, relayée sur les réseaux sociaux et certains médias, a suscité des débats sur la position de l’Algérie, connue pour son soutien à la cause palestinienne et son absence de relations diplomatiques avec Israël. Une analyse approfondie des faits permet toutefois de démonter cette rumeur et de clarifier la situation.
Origine et diffusion de la rumeur
Le 23 avril 2025, une information a circulé, notamment via le site Barlamantoday, affirmant que le "Captain Christos", un vraquier battant pavillon libérien, aurait quitté le port de Béjaïa, en Algérie, le 11 avril 2025, pour accoster à Ashdod, en Israël, le 18 avril. Cette allégation a rapidement été reprise sur les réseaux sociaux, générant des accusations d’hypocrisie à l’encontre de l’Algérie, dont la position officielle est de ne pas entretenir de relations avec Israël. Notre association Union Algérienne a dénoncé cette fake news.
Les faits établis par les données maritimes
Une analyse des données AIS (Automatic Identification System), système utilisé pour suivre les mouvements des navires, permet de retracer l’itinéraire exact du "Captain Christos". Selon les informations publiées par Union Algérienne et corroborées par des données maritimes accessibles, le navire, chargé de maïs et de soja, a quitté l’Argentine avant de faire escale à Béjaïa le 11 avril 2025. Cette escale avait pour seul objectif de décharger la cargaison, et aucune marchandise n’a été chargée à partir de l’Algérie. Après avoir quitté Béjaïa, le "Captain Christos" s’est dirigé vers Vatika Bay, en Grèce, où il est arrivé le 15 avril 2025.
Les données AIS, partagées dans le fil X de Union Algérienne, confirment cette trajectoire et contredisent l’idée d’une destination israélienne immédiate après Béjaïa. De plus aucune marchandise n’a été chargée à Béjaia.
Contexte géopolitique et enjeux sous-jacents
L’Algérie maintient une position ferme de non-reconnaissance d’Israël, en cohérence avec son soutien historique à la cause palestinienne. Dans ce contexte, la rumeur d’une exportation vers Israël apparaît comme une tentative de discréditer la position algérienne, motivée par des agendas politiques régionaux.
Il est également important de noter que l’Algérie n’a aucune juridiction sur les destinations ultérieures d’un navire étranger après son départ de ses ports. Imputer à l’Algérie la responsabilité des itinéraires du "Captain Christos" relève d’une interprétation erronée, voire d’une manipulation de l’information dans un climat de tensions géopolitiques.
Appel à la prudence face à la désinformation
Cette affaire met en lumière les risques de la désinformation dans des contextes sensibles. Les réseaux sociaux, bien qu’ils permettent une diffusion rapide de l’information, peuvent également amplifier des rumeurs non vérifiées, alimentant des narratifs trompeurs.
Les médias et le public sont invités à consulter des sources fiables et à s’appuyer sur des données vérifiables, comme les historiques AIS, avant de relayer des informations potentiellement controversées. La propagation de rumeurs infondées peut non seulement nuire à la crédibilité des États, mais aussi exacerber les tensions.
Conclusion
En définitive, les allégations selon lesquelles l’Algérie aurait exporté des marchandises vers Israël via le "Captain Christos" ne résistent pas à l’examen des faits. Les données maritimes confirment que le navire s’est rendu à Vatika Bay, en Grèce, après avoir déchargé sa cargaison à Béjaïa, et aucune marchandise n’a été exportée depuis l’Algérie vers Israël. Cette rumeur illustre les défis posés par la désinformation dans un contexte géopolitique sensible, soulignant l’importance d’une approche critique et factuelle face à de telles accusations.